Travailler les compétences émotionnelles et sociales à l’école…

FOCUS
Les troubles des conduites
et du comportement

Très égocentrés, les enfants avec des troubles du comportement montrent des difficultés à se décentrer émotionnellement. La décentration consiste à se mettre à la place de l’autre pour voir la réalité telle qu’il la voit. Elle permet de comprendre le point de vue de l’autre, d’appréhender sa réalité derrière ses opinions, d’envisager les émotions ressenties. Cette difficulté entraine une faible sollicitude émotionnelle envers autrui, une impression de détachement émotionnel, d’incompréhension de la douleur de l’autre, d’une empathie réduite ou inexistante.


Manque d’empathie :

Cette empathie restreinte peut être causée par une faiblesse des capacités d’interprétation des expressions non-verbales que sont le regard, les postures, la gestuelle, l’apparence, les distances, le toucher, les informations paraverbales comme l’intonation, la puissance, le rythme, le débit essentielles dans la compréhension des ressentis et des intentions des autres. L’enfant avec troubles du comportement ressent souvent les attitudes et postures comme hostiles et menaçantes. Elles expliquent pour lui ses réactions agressives, vécues comme une défense face à une attitude ou des intentions hostiles (la main d’un camarade, posée sur l’épaule pour l’inviter à faire quelque chose, peut être perçue comme une agression ; un regard peut être mal interprété, le jeune peut le fuir ou s’en défendre en disant « Il m’a regardé » sous-entendu « Il m’a agressé »).

Les émotions ressenties le sont dans un éventail restreint. L’enfant peine à différencier un petit désagrément, une peur, une angoisse, une colère, …Ces émotions, positives comme négatives, sont le plus souvent ressenties à un degré d’émotions maximal. Elles expliquent les états de joie comme de tristesse exubérants dont ils font souvent preuve.


Difficulté à canaliser ses émotions :

Les sentiments, les affects (envie, colère, peur, angoisse…) envahissent ces jeunes qui peinent à les endiguer. Ils investissent leur espace émotionnelle et cognitif jusqu’à ce que le temps, ou leur réaction excessive, vienne les calmer. Leur difficulté à cliver, c’est-à-dire à mettre en retrait leur émotion ponctuellement, ne les rend donc pas disponibles pour une activité en classe, un échange avec des pairs ou toute autre activité sociale. C’est ce qui se passe lorsqu’un élève, suite à une dispute en récréation, rentre en colère dans la classe, prêt à en découdre avec un camarade, sans pouvoir se mettre émotionnellement en accord avec les attentes du lieu et de l’activité. Cela amène aussi des difficultés à prendre du recul face à une situation, à relativiser, à percevoir l’humour et le second degré.


Angoisse et manifestations pulsionnelles :

Chaque jeune a sa manière à lui de déposer ses angoisses. Elles ne se succèdent pas dans une suite logique ou graduelle. Ainsi, colères, violence, injures, transgressions, bouderies, séductions, replis, obsessions… sont autant de fonctionnements complexes constitutifs d’un conflit ou d’une angoisse internes qui ne peuvent être mis en mots. Les manifestations pulsionnelles qui en résultent sont excessives et il est incapable de les contenir. Les actes de destruction qui en résultent sont dirigés contre les autres ou contre lui-même. Les relations avec les adultes comme avec les pairs sont perturbées ; elles s’expriment sur des modes exacerbés. Les mots, les actes, les manifestations de lien sont hors de proportion, que ce soit dans la passion ou dans la haine. Le jeune ne supporte pas d’être isolé, rejeté, exclu, sorti du groupe. Des comportements limites peuvent apparaitre, à la hauteur de la violence éprouvée par le sujet.

Ce jeune a aussi des difficultés à avoir des relations apaisées de façon durable. Il peu accaparer l’ami au point de lui demander une relation d’exclusivité. Les moments où l’ami a des relations avec d’autres personnes génèrent chez lui de fortes tensions.

Il n’a pas construit une « capacité d’être seul en présence de l’autre » (Winnicott) suffisante. En classe, il sollicite le(s) voisin(s)s de manière très fréquente, en ayant une conversation, en lui (leur) posant des questions ;

Ce jeune présente aussi des troubles de la concentration et de l’attention. Il montre des difficultés à investir et soutenir une activité de façon durable, change très vite d’activité sans en investir aucune. Même dans les activités ludiques qu’il propose, il ne suit pas les règles du jeu qu’il aménage et réinvente en permanence. Il présente un manque de persévérance face à une tâche ou devant une difficulté. Il se laisse facilement distraire par des sources de stimulation externes. Il est sensible aux bruits, à ce qui se passe à l’extérieur, à ce que font les pairs, l’enseignant…

Extraits du livre

« Scolariser les élèves handicapés mentaux et psychiques»

Bruno EGRON, avril 2017, CANOPE


VOCABULAIRE
Quelques points

Daniel GOLEMAN, cite les 8 émotions les plus communément mentionnées :

la colère, la tristesse, la peur, le plaisir, l’amour, la surprise, le dégout et la honte.

Les émotions ne sont ni négatives ni positives, elles sont. En revanche, elles ont une tonalité : agréables ou désagréables.

  • Verbaliser le ressenti permet d’en réduire l’intensité. « J’éprouve de la tristesse », « J’éprouve de la colère ».
  • Nier une émotion est dangereux car elle peut resurgir avec plus d’intensité plus tard.
  • L’accueil et la reconnaissance des émotions permet de renforcer son estime de soi et sa confiance en soi.
  • Les émotions sont indispensables à la prise des décisions
  • Toute émotion est éphémère, elle s’épuise naturellement. Ce qui n’est pas le cas du sentiment qui peut parfois durer toute une vie.

Les émotions nous aident à identifier nos besoins et à les satisfaire.Les besoins de tout être humain sont :

      • le besoin de sécurité.
      • le besoin de stimulation.
      • le besoin affectif ou social.
      • le besoin d’estime et de reconnaissance.
      • le besoin d’autonomie.
      • le besoin de sens, de cohérence.

C’est leur non-satisfaction qui déclenche les émotions. C’est donc la cause qu’il est important de traiter. Les émotions sont les conséquences.

Extrait du livre

« L’intelligence émotionnelle »

Daniel GOLEMAN,